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Ecrits, pensées, تاملات

Chant

   Nous montions sur les terrasses pour libérer nos rires et broder nos rêves. Nous susurrions nos secrets aux étoiles,au vent et à l'azur du firmament. Ils s'assurent des portes fermées, nous parlent de l'extérieur, des étrangers et leurs dangers. Nous ne prêtions attention, si ce n'est cette flamme de curiosité née. 

  Nous foulions nos jardins intérieurs, arrosions avec confiance ces fleurs désireuses du soleil. Nos aventures surpassaient celles de Sindbad ou Gulliver, nos mondes étaient plus merveilleux que ceux d'Alice et des autres contes. Des plaintes lointaines nous parviennent: les damnées souffrent des feux des passions, des froideurs des séparations. Nous haussâmes les épaules, tendions les oreilles, avec cette curiosité grandissante.

  On nous prépara à quitter la demeure. Ils nous disent de tourner la page de l'enfance pour orner nos mains du hénné.  Nous échangions des regards furtifs, laissions couler des larmes muettes, ultime adieu aux amours mortes sans sépultures. Entre larmes et sourires, Elle nous parle de patience et d'endurance. Nous acquiesçâmes en silence,coeur palpitant plein d'espérance. A croire leurs dires, la véritable vie commence

  Les temps passent et fanés sont nos rêves. Comme vous, mères, le hénné nous a liées les mains et cloué nos pieds. Comme vous, nous avions appris la langue des silences qu'ils vénèrent. Comme vous, nous séchions vite nos larmes pour sourire, servir, tapoter sur les épaules et encourager. Il fallait parcourir ce chemin pour comprendre pourquoi vos sourires étaient salés, pourquoi vos corps s'effaçaient et vos coeurs s'enflaient. Comprendre l'indicible que seul ce présent rend lucide.
  Je te vois courir et rire. Je te vois avec les autres brodant vos rêves sur les terrasses, les soufflant au vent et aux étoiles. Des larmes  coulent, percent le coeur, une main les essuie. Tu les perçois vaguement et je devine déjà tes tourments. Alors, pour toi j'ai froissé les pétales et piétiné les fleurs. Pour toi j'ai continué ma marche sous le soleil et le vent,en pliant les saisons. Je veux t'apprendre à te relever après chaque coup, à retrouver le sourire sincère après les tempêtes et les larmes. Je veux te voir marcher dignement, librement. Révolus sont les temps des donjons et ouvertes sont les portes. Je prie dans le silence de mon coeur pour que tes aubes soient meilleures, pour que vos rêves embrassent le ciel et vos chants couvrent l'azur.

 

  Seules en face d'un monde qui vous accorde peu de place, vous taxe et vous toise de regard. Chacune pleure sa perte: un fils, un mari,un père. Toutes formulent la même prière. Et elles attendent,à la merci de l'inconnu. Patience et endurance.

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