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Ecrits, pensées, تاملات

La danse avec le vent

  C'était le temps des vendanges. Les voilà mûries les vignes, ivres déjà à l'idée des liqueurs à verser, des festins à célébrer. Elles courent avec leurs robes parsemées de fleurs, rires embrassant l'espoir et le rêve. Rires d'amour. Eux, manches retroussées,torses nus, font de leurs mieux pour enflammer les veillées estivales. Les idées semées en germe croissaient dans la douceur, dans l'innocence presque.

 

    Il faut bien concevoir les choses

    Aller au rythme des saisons

    Vents des alertes, prémices de l'abandon

    Torpeur des glaces. Larmes de pénitence

    Fleurs de renaissance

    Soleil des ardeurs et des jouissances.

    Nonchalance. Oubli? Pardon?

 

  Les vendanges s'annoncent prometteuses. Pas toutes les mêmes, mais dans l'ensemble satisfaisantes. Cela promet des nuits d'ivresse, des feux de braise. Dans leurs jeux et leurs rires, ils ne s'aperçoivent des brumes des silences, des vents ravageurs. Les germes se métamorphosent en des sourires sournois, prison aux cadenas. Mais combien est joviale l'insouciance!

 

    Traversées les mers

    Baignés les corps dans toutes les eaux

    Parcourant le ventre, peuplant la raison

    Soufflant les quatre saisons.

    Tour à tour poète troubadour

    Derviche errant

    Robin Hood enflammant les coeurs

    Un Zorba à l'âme légère, un bon vivant.

 

  Finies les vendanges et les liqueurs. Finies la jeunesse et la douceur. La pluie éteint les feux en badinant presque. De ces fêtes et ces rires, du pourpre et des délires, il ne reste qu'un coeur assombri au souvenir des forêts lointaines, des jeux d'ombre et de lumière. Et autres choses qui demeurent innommables. Il ne reste qu'un corps nu. Nu par lui-même pour se délivrer. Dénudé par l'absence pour créer le souffle. Il ne reste qu'orages qui déterrent jardin et fleurs.

 

    Dans le silence le plus parfait

    Leurs yeux se rencontrèrent

    Ils se voient dans l'obscurité.

    Sans proférer mot,

    L'un dit "Devine!"et l'autre clame "Sincérité"

    Mais excepté ces quelques pas

    Un vide aphone. Un vide assourdissant. 

    Où s'envolent les pétales des fleurs?

    C'est le même chemin, la même chanson

    Pourtant...inaudible est la voix.

    Silence pur. Silence lourd

    Silence d'une mère qui sait, qui pleure en son coeur

    Et comprend.

    Car cette fois-ci la blessure et le sang sont bien là

    En toi. De toi.

 

  Toute la laideur des vérités n'a pu rien étouffer. Toute nudité est difficile à entamer, à suivre jusqu'au dernier habit. Tous les voyages antérieurs à travers l'autre ne peuvent mener qu'à soi. Tous les élans buttent contre ce lieu de suspension et de froideur. Et ces quelques étincelles pour satisfaire nos vanités, juste ce qu'il en faut pour rafraîchir les chairs. Et mêler rires aux larmes; rancune et pardon, amour au parjure. Et ne rien oublier d'un regard scélérat. Et par là même retrouver gratitude et voie. Et porter son regard vers l'immense ciel bleu qui côtoie l'océan. Un horizon jamais atteint, donc attrayant. Car l'homme est pauvre de ses richesses, il aspire à un parfait qu'on nomme "soi". Et comme c'est un horizon qui s'invente toujours, on y vogue longtemps, on en fait un havre, une demeure des fois. C'est bien là le chant. C'est la danse avec le vent.

 

  

 

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