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Ecrits, pensées, تاملات

Balade avec Imago

  Lecture achevée, livres jetés, savoirs démystifiés (ou presque) Grande solitude embrassée. 

  Elle se promenait sur la côte et respirait l'air iodé. Une matinée hivernale bIen ensoleillée! Le son des vagues la berce d'abord, puis remplit son être. Elle tenait entre ses mains un livre: Hagiriyates et repensa à la règle 02: "Écris juste. Sois sincère. Sois toi-même."  Entre vérités et mensonges, l'écriture se fraie un chemin, se fait une identité. Ecrire c'est un peu inventer des labyrinthes et des impasses pour se retrouver ou pour fuir sa propre présence, sa propre vérité. A cette idée là, un air de Metallica remonta brusquement des abysses de sa mémoire et elle fredonna:

  "  How can I be lost

     In remembrance I relieve

     How can I blame you

     When it's me I can't forgive?"

  Elle sourit et se rappelle de ces années folles, enflammées par le Hard rock, le rap qui était à son aube et les refus. Par quel pont fatal passent les hommes pour apprendre tous à dire "oui" et perdre par là même le don du refus?

"- Dès que tu commences à réfléchir par toi-même, tu déranges." dit une voix d'homme.

  Elle tourna la tête, ne sachant si ces propos venaient des voix intérieures ou de cet homme qui se tint devant elle. Il enchaîna;

"- J'ai vu le livre dans tes mains. Cette règle de GaTo H, j'aime bien." Puis après un silence de trois secondes:

-" Je me présente: je m'appelle Imago. Mais je n'ai rien à voir avec Spitteler et je ne suis pas pour autant petit-fils de Jung ou de Lacan."

  Elle ne put s'empêcher de sourire et lui dit:

-" Bien particulier comme nom!"

-"  En effet. Ayant perdu mon nom dans d'invraisembables voyages, il m'en reste ce sobriquet hérité de mon métier."

-"Ah! Psy alors, avec chaise longue, un clair-obscur, bloc-notes et tant d'interrogations."

  Il rit avant de dire:

-" Loin de là, Dieu merci. Je suis un tisserand d'images. A mes débuts, j'étais imaginatif d'intérieur. Tu vois, les gens s'acquièrent des demeures puis vont courir ailleurs, dansent sous la pluie ou suivent la mouvance des vents et des saisons. Ils oublient de rentrer chez  eux. Et pour leur en donner envie, je meuble leur intérieur aidé simplement d'albums jaunis. Après, je dresse des miroirs qui reflètent ces images. Les gens se souviennent de leur demeure et rentrent chez eux pour retrouver la sérénité."

-" Drôle tout cela. Intéressant mais drôle. Depuis quand a-t-on besoin des autres pour imaginer notre intérieur?

-" Depuis que les universités étaient créées. Tu sais, ce lieu où l'on inculque une semi-culture à des semi-intellectuels. Dans les facultés, on s'épuise à apprendre la pensée des autres. Remarque bien "apprendre"  et non pas découvrir et aiguiser son esprit critique. On sacralise leurs idées, les habite. On y gîte. En plus, ces lieux dits nobles et sacrés contribuent à subdiviser ce vaste monde en îlots. "

  Elle eut l'impression d'être auprès d'un rayon de bibliothèque réparti en quatre; plein de poussière, de livres-navets, d'autres plus ou moins intéressants, et quelques rares manuscrits qui ressemblent à des perles et restent longtemps gravés dans la mémoire. Elle marmonna:

-" Et ils restent longtemps après à cracher les dires d'Untel ou d'Unetel. Honteux de leur propre pensée, ils prennent leur courage entre deux mains et osent seulement paraphraser. On devient l'ombre des autres, et l'ombre de sa propre ombre. Il faut attendre des années pour s'en rendre compte et se lancer après à la recherche du temps perdu. "

  L'homme-parachute, venu de nulle part mais à la compagnie apparemment aimable, conclut en ces termes:

-"Absurde!... Mais non de cette absurdité qui te donne envie de fumer des ciggys suite au décès d'un proche et te dire après "Voyons le programme-ciné."

  Elle rit d'un rire franc. Certes, cet absurde là n'est qu'un Constat: demeurer figé, refusant de réagir, se lamentant du désastre humain et se suffire de dire"Bah! ça n'a pas de sens". Non.

-" Il faut cultiver notre jardin." dit elle.

-" Il faut imaginer notre jardin. L'imaginer donne envie de l'entretenir; Et entretenir c'est suer.

-" Et la sueur c'est l'amour..."

  A ces mots là, leurs yeux se rencontrèrent. Regard profond, regard lointain, ils se turent et laissaient le silence dire tant. 

 

  Si le silence dit mieux que les mots, à quoi servent ces derniers? A traduire, tout en trahissant, les paroles silencieuses? Maeterlinck l'a bien exprimé en disant: " Les âmes se pèsent dans le silence comme l'or et l'argent se pèsent dans l'eau pure. Et les paroles que nous prononçons n'ont de sens que grâce au silence où elles baignent."

  Le son des vagues les ramena sur terre et ils firent descendre le voile.

-" J'ai envie de prendre du café, dit-elle soudainement. Je connais un coin où l'on sert du bon café et où règne de la bonne ambiance. "

-" Chouette! Allons-y alors."

  ...

 

 

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