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Ecrits, pensées, تاملات

Rose de Désert

  "أسدلت الستار على مرآتها، فبهتت وذبلت، ثم تاهت سنينا

 

  Que des fois elle avait fui ce cri intérieur "Tu n'es plus toi-même"! Que des fois elle s'est obstinée à maquiller les vérités hideuses, espérant un semblant de paix. Que des fois elle s'est haïe, méprisée, voulant quitter sa chair pour devenir quelqu'un d'autre, ou simplement incarner cette voix qui en elle criait "Tu n'es plus toi-même." Cette voix n'était que le peu qui subsistait d'elle-même.

  Rose elle était, mais fanée, aveugle à ses pétales, ne voyant en elle qu'épines, craignant d'être froissée à tout moment par des mains. Rose déracinée de plus intime chez un être: son âme. Naïvement, elle nommait la vie "la grande aventure" qu'on devrait traverser en dansant. Or, quand on ignore les pas de la danse, on risque de tomber.

 

   Rose, que fais-tu assise à l'écart, honteuse de ton corps et de ta personne? Tu étais l'incarnation même de la vie, pourquoi tourner en un fantôme? Flamboyantes étaient tes robes, pourquoi t'effacer dans ce gris morne? 

   Car j'étais née entre deux mondes: j'ai appris à aimer la vie et la lumière, mais ma terre vénère le noir. Je me sentais bien dans ma peau, mais ma terre craint l'authentique et le beau. Au nom de Dieu et de l'honneur, on m'inculquait que rose n'est qu'épines et ses pétales l'appel de Satan. Ainsi, toute rose finit honteuse de ses couleurs, de son parfum et assume mal sa beauté. Ma terre est une vorace couverte de voiles de chasteté.

   Dans les lumières, j'ai appris ä faire du monde ma demeure, mais ma terre abhorre les maisons grandement ouvertes. Chez moi, on aime ériger les murs et voir baissées les têtes. Au fil du temps, dans ce jeu de masques et de dislocation, Aventures se substituaient en Perditions. A chaque fois, quelque chose au fond de moi mourait, car de plus en plus étrangère à moi-même, car le monde des lumières m'apprit à crier pour la dignité tandis que ma terre impose le silence et exige de moi des lèvres "dévotes".

   Voulant finalement rendre le mythe une réalité, je me mis à bâtir ma petite demeure, ailleurs nommée "nid d'amour". Et c'est là où je compris ce qu'était l'art de la femme dans ma terre: se taire et faire taire tout en elle: sa voix, ses rêves et sa féminité. C'est pourquoi on la surnomme "actrice" quand elle n'est pas ogresse ou maîtresse. Esclave, elle est méprisée. Libre, elle n'est que profane! 

   Tâtonnant dans le noir, ayant perdu jusque ma flamme, je me figeais dans cette ombre terne que je devins. Ahurie, angoissée, je vis les autres marcher dans l'obscurité avec aisance, et parfois mëme avec gaieté. Etais-je aveuglée par les lumières d'ailleurs? Comment lire dans la clarté et déchiffrer dans l'obscurité? Où s'arrête la vérité? Où commence la chimère?

   Bien tardivement, après avoir perdu foi en moi-même, après être devenue mon propre ennemi afin de fuir l'enfer de cette terre, et leurs regards, et leurs jugements, et leur hypocrisie écoeurante, je compris le poids douloureux d'aimer la vie et la lumière et d'avoir les pieds cloués à cette terre. Un rire d'enfant et le grand vent des rivages me rappelèrent à ma vérité: je pus finalement ouvrir la porte et partir.

 

  Voguer et s'inonder des lumières, retrouver sa voix afin de dire, crier et murmurer, tels semblaient les desseins de la Rose de désert. Etre, tel était son serment.

  La légende dit qu'elle tenait des fois compagnie à Teryel, qu'elle était quelque part, arpentant les sentiers austères, réconciliée avec son être, amoureusement bercée par un chant.

 

"فما روى عطش هاته الروح سوى اجتياح هادر...صمت لامس القلب و سكن جل الثنايا"

  

 

 

 

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