Compagnon de marche...
Pour briser la glace de mes mots, je t'écris.
Et pour nommer tes ressentis tu me lis.
Compagnon de marche, compagnon des nuits et des jours, en entamant cette marche, je ne m'imaginais point abordant ces rivages. Mais m'y voilà maintenant, avec toute la tremblance que cela implique.
Certes, j'ai croisé de nombreuses personnes auparavant et multiples étaient les chemins empruntés. Souvent, il y eut l'illusion de toujours, et cette envie de dénuder son être pour garantir une présence. Mais j'ai fini par apprendre à bâtir des murailles et rendre impénétrable mes armures j'ai appris l'art de la distance et menais à bien mes danses.
Puis, il y a eu toi.
Une marche singulière.
Rencontre qui agrandit
Sans rien demander,
Simplement être.
Et des vagues qui érodent l'inaccessible tour.
Dans mon temple intérieur, j'apprends que pour approcher ces rivages, il faut renoncer à ses murailles, renoncer a ses armures, renoncer à sa froideur, à ses croyances limitantes, à sa dualité...renoncer à sa peur et oser, au-delà de ce qu'on croyait avoir maîtrisé.
Cher compagnon de marche, t'avouer cela est un pas énorme. Mais je le fais sans peur: j'aime bien ta marche et tes pas me rassurent.
" Your task is not to seek for love, but merely to seek and find all the barriers within yourself that you have built against it." - Rûmi
Rencontrer le diable
J'ai rencontré le diable, papoté avec et c'était bien!
Je ne fais pas allusion à cette créature monstrueuse, faite de cornes et de flammes. Je parle d'une autre forme, la plus difficile: celui niché au fond de nous.
À écouter ses râles et discours, j'ai appris long sur moi-même. la peur qui entrave, le doute qui envenime, la haine qui divise...ces maladies silencieuses qui font ternir le coeur et assombrir nos vies.
Nommez votre diable: doutes, disconfiance, ressentiment, désirs à excès...nommez-le et il vous montrera le chemin vers la lumière, lui qui nous retient dans les ténèbres pour nourrir ses faiblesses.
On peut lire ses mots dans les
détails du quotidien, dans un regard, une colère, une trahison. Et dans la mouvance de notre coeur.
Ne jamais oublier que le diable se nourrit de faiblesses et devient désarmé et impuissant devant la foi et le courage.
"وإن أكبر جهاد لجهاد النفس"
"Affrontez, défiez et dépassez votre nafs avec votre cœur Connaitre votre ego vous conduira à la connaissance de Dieu." -Shams de Tabriz
Les ressentis à nommer...
* Les désirs refoulés nous empêchent de jouir de l'instant présent, car tout désir renferme une attente. Nommer ses ressentis rend plus clair l'esprit et harmonieux le corps-esprit.
* Certaines blessures exigent plus de courage, de clarté et un réel amour pour soi. Et vu le flot émotionnel qu'elles impliquent, vaut mieux être accompagné.
* Les "je t'aime" suspendus sur les lèvres ou taries dans les coeurs deviennent des doutes et des tortures. Aimer sainement ne peut que faire du bien. Seul l'ego résiste, par peur de perdre contrôle, peur du ridicule et de probables blessures.
* Quitter les schémas de la honte, de la survie et s'autoriser une nouvelle histoire écrite par la main d'Amour, conjuguée au présent.
" Une foi forte voit l'invisible
Croit l'incroyable
Et reçoit l'impossible." D.Ikeda
A l'écoute de son autre
Avez-vous déjà rencontré votre autre? Non, je ne parle pas d'âme soeur, ni de flamme jumelle, ni de quelconque rapport karmique. Je parle simplement de votre autre.
Le concept est simple: quand on cherche à évoluer, oser certains pas, oser croire et être différemment, notre ancienne version de nous ( généralement blessée) vient nous mettre en garde, s'insinue dans la pensée, provoque des situations pour nous dissuader de faire le pas. Elle fait tout pour notre "sécurité".
Dans l'un de ses romans, Paulo Coelho évoque l'expérience de l'autre: au lieu de vivre le dilemme, l'inviter plutôt au dialogue. Dialogue pénible des fois mais possible.
Ainsi, j'irai écouter mon autre. Je la vois déjà, ressens sa colère, sa frustration et son envie grandiose de détruire. Mais je ressens aussi sa douleur, sa souffrance, ses mots suspendus sur les lèvres, larmes figés dans les yeux.
On a des choses à dire, moi qui depuis bien longtemps j'ai jeté une page dans un abîme, mots suspendus sur mes lèvres, larmes figés dans mes yeux."
"Quand je serai grande, je ne serai pas un petit oiseau qui chantonne docilement.
Mais un Aigle Royal, qui volera très loin, très haut." I.A.O.
A toi, tu sauras te reconnaître
A toi je t'écris, tu sauras te reconnaître:
Je sais que les temps se font durs, que tu essaies de garder sourire et équilibre. Malgré les pertes lourdes, l'amour qui t'entoure t'aidera à atténuer le poids de cette solitude.
Il va sans dire que j'aurais aimé t'offrir ma présence. Mais ainsi vont les choses et nul besoin de contredire les vents. Le timing divin reste toujours le meilleur.
Alors, à toi qui comprends maintenant la résonnance de l'âme, je veux que tu saches que j'ai rejoint mon temple intérieur. Il est temps de clore des cycles, guérir des blessures pour s'en libérer et pouvoir Être.
Tu le sais d'avance: ce chemin est froid et solitaire. Mais salutaire.
Sache que je te porte dans mon coeur, que tu m'as offert - peut-être sans trop le savoir- des trésors, que je te bénis toujours. Tes sourires me réchauffent le coeur et je prie pour ton bien-être et bonheur.
Main dans la main, sans se retenir.
Mon âme salue ton âme.
" When love kills love"
Il rêva de liberté et d'aventures à assouvir son coeur gitan.
Il rêva du grand amour, des passions et d'un inconnu frayé à deux.
Il disait: Ensemble. Toujours.
Mais il finit toujours par disparaître.
Dire n'est pas son fort: il préfère le silence et les métaphores .
Elle rêva d'incarner une dimension en elle endormie, au-delà des rites et coutumes.
Elle rêva de liberté, de la grande aventure et l'infini de l'amour.
Elle disait: Oui, mais...
Et elle finit toujours seule. Affronter n'est pas son fort. Elle préfère les précipices et l'insouciance.
Brève fut leur rencontre, mais vraie et profonde. Lèvres et âmes s'effleurèrent. Chacun trouvait dans l'autre sa partie manquante.
Soudaine fut leur séparation, jettant chacun dans l'abîme de l'incompréhension et des doutes.
Ils ramaient dans l'océan de la vie entre rires et larmes, vie et mort, avançant à maintes reprises des "oui" immatures. Touchant même le fond des misères et du Mal. Ils apprenaient à la dure les leçons de la vie.
Tant d'années pour comprendre: Abandon et Trahison n'étaient que les sentiers de guérison.
Long est le chemin de ceux qui ont cru aux histoires du désamour. Ces contes d'enfants qui nous blessent et nous défigurent. Ils avaient cessé de s'aimer eux-mêmes pour se perdre dans les dédales de l'existence.
C'est l'histoire de deux êtres que le destin a réuni un jour pour leur apprendre - chacun à sa façon- à quitter la peur et oser aimer. Oser la Vie.
"Love is healing. Love is peace.
And peace is power."
Divorce...
Quoi de plus douloureux qu'un amour qui meurt, un couple qui se désunit?
Ce moment peut être déchirant, voire destructeur, non par pure romance mais plutôt par peur d'affronter l'évidence, peur de donner raison à cette voix intérieure qui a tant crié: "Attention, tu te trompes de chemin, tu te mens, tu te voiles la face". Plus la voix a été étouffée, plus brutale la fin est.
Le divorce est douloureux et chacun de son côté se sent terriblement trahi car bafouées les promesses de vieillir ensemble, de s'aimer et se soutenir jusqu'au dernier souffle. Voir son train-train habituel et sécurisant envolé chamboule tout être, et on a du mal à avancer seul. Mais au fond, il n'y a point de victime et nul n'est ange ou démon. Les erreurs sont partagées et chacun y a contribué à sa façon, consciemment ou pas.
Derrière la rage haineuse, la déception amère qui ponctuent cette fin, tapit une autre raison plus profonde. Cette séparation ouvre une brèche vers ses propres méandres intérieurs: ses peurs, ses blessures, le regard qu'on pose sur soi, les certitudes d'être rejeté, abandonné...bref, tant de blocages qu'on a appris à voiler, à taire et à oublier. La séparation impose un face-à-face avec soi si longtemps esquivé.
La douleur et le désarroi sont plus intenses quand l'union du couple est fondée sur le besoin de combler un vide, de se prouver à soi-même ou aux autres quelque chose. Quelque chose d'indéfinissable mais palpable. Puis, après le coup de la hache, chacun apprend à son rythme et selon sa propre volonté, à mieux se connaître, à guérir des blessures parfois ancestrales, à s'aimer, à marcher seul(e), pas confiant. Et à embrasser les possibles.
Cela m'a pris tant d'années pour pouvoir le dire. Aujourd'hui, je lâche prise sans rancune, je défais ces chaînes invisibles mais lourdes qui me retenaient inconsciemment. Je décide enfin de clore ce cycle et avancer. Loin de ton ombre, à jamais. Pardonner pour mon bien-être et pour elle, pour qu'elle s'épanouisse sainement et s'avance fièrement.
Voix des Ancêtres : Old Wounds
Chère,
Toi, qui veux croire mais hésites encore, installe le silence en toi pour rendre audible notre voix. Ayant traversé ton enfer, tu arriveras à mieux toucher par amour certaines blessures.
Sous le joug des traditions, nos moeurs ont changé et le mime prit place à la parole. Ainsi, on apprit tant bien que mal à refouler nos ressentis et désirs. Zélés dans nos rôles dans la famille, la vie coulait tel un fleuve tranquille.
Mais ma fille, la Nature a ses lois et son rythme, y déroger implique des conséquences bien lourdes. Confus devinrent nos ressentis et hermétique notre intérieur. L'amour perdit ses mots, la spontanéité déserta l'intimité. Et le tout devint pantomime.
Faute d'exprimer ce besoin d'amour et de tendresse, on finit par porter un regard méprisant envers soi-même, car Aimer et Désirer devinrent synonyme de la "tentation satanique".
Dis-moi, qu'arrive aux fleurs quand on cesse de les arroser? Et aux champs privés des pluies et du vent? Tout est fané, séché. Il en va de même pour les liens entre les humains. Sans ces mots d'amour, ces gestes affectueux, cette symbiose avec son être, on finit par devenir rude, indifférent ou violent. Alors, tu sauras comprendre maintenant cette distance invisible certes mais omniprésente entre une mère et sa fille. Tu comprendras mieux le dilemme qui déchire la chair tout en gardant un air austère. Tu peux voir l'étendue les maux portés sur les chairs et les consciences à travers ces temps.
Chère, il a fallu attendre bien longtemps pour voir naître cette aube nouvelle de l'éveil. Une aube qui veut retrouver le rythme de la Nature, danser à deux dans le respect, l'amour et la confiance.
Avant de finir, laisse-moi te susurrer une chose: essaie de ne point les blâmer, elles avaient fait ce qu'elles pouvaient, et tout être à ses limites. Le chemin de l'amour est un long parcours d'empathie et compassion.
Et ton chant est celui de l'amour.