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Ecrits, pensées, تاملات

Plus loin que le pré

  Que peut-il y avoir plus loin que cela? Qu'espère t-on retrouver ou découvrir au détour? Pourquoi s'obstiner encore et toujours?

 

  Plus loin que le pré il y a le silence de l'univers décelé par un cœur. Une tentative de nommer l'indicible, d'avancer dans un interminable retour. Plus loin que le pré, il y a l'âme. Et l'âme c'est l'indicible qui se chante dans le silence, la lumière qui réchauffe les cœurs. C'est l'immortalité divine chez un homme.

  Plus loin que le pré on ne marche plus mais on flotte. On n'écoute plus les récits des arbres, des crépuscules, des ruisseaux. On les chante. Nous devenons une flûte et l'univers la note. On n'est que pur oubli de soi-même, un voyageur de retour à sa terre, un amoureux allant vers l'être cher. Frappant humblement à la porte, on préfère s'y attarder plutôt que d'entrer. Sinon, comment apprécier les délices d'une prière? Comment sourire de sa pauvreté et en faire sa richesse? L'on se défait de son être pour abolir les frontières entre idiomes et couleurs. On vogue jusque voir évanoui l'ego et glorifié l'Amour suprême. 

  Mais qu'est-ce cet amour qu'on vante sans cesse, qu'on suppose capable d'unir les hommes vautrés dans l'avidité? Qu'est-ce cette puissance qu'on imagine rendant l'homme plus fort que ses maladies, riche de ses pauvretés?  C'est la gratitude. Nul mot ne saura la décrire. Il faut la vivre dans son cœur, la ressentir remplir son être, la voir enveloppant son âme. Voyez-vous, il faut se défaire de son être pour savourer ses délices. Gratitude: un amour infini, tendre jusqu'aux larmes, nous dépose sur les beaux rivages où Menti avait laissé son mot:

 

  "Quel bonheur d'avoir foulé ce pré en arpentant tes allées! Il a fallu toutes ces traversées pour entendre ces silences. Et une fois qu'on a franchi le pré et flotté dans les airs, on n'est plus jamais le même. Certes, les batailles continuent: on tombe et se lève, on perd et on gagne, tantôt ce sont des rires d'enfant, tantôt des orages violents. Mais plus rien n'est perçu comme avant. Tout semble différent comme si un léger voile a été soulevé pour toujours. Une petite flamme intérieure susurre sa nostalgie: c'est l'âme qui appelle l'âme. 

  Que des nuits et des jours gaspillés à creuser des faussées, à empoisonner l'âme! On juge au nom de Dieu, on tue au nom du Bien et du Mal. On finit esclave de soi-même au nom de la liberté. Ô qu'il n'a rien vécu celui qui s'oublie dans les courses et les concurrences, qui attend jusqu'à tomber pour étreindre la terre! Ô fantôme de lui-même celui qui, aveuglé par la poussière de l'éphémère, oublie qu'il est un mystère divin! 

  Non, nul n'est besoin de s'efforcer d'être ciel ou terre. Nous sommes les deux à la fois. A nous de trouver le juste-milieu pour ne pas créer son enfer sur terre. Et l'enfer c'est la scission de l'être. C'est une longue maladie que ni les prières ni l'errance ni même l'insouciance ne guérissent. Seul un pèlerinage vers son propre sanctuaire en est le remède. Là bas, on tend la main dans le noir, la main se heurte au néant. Et le néant n'est pas le vide. C'est un gouffre où se meurent toutes les voix pour ne laisser parler que les monstres intérieurs. La nuit y semble interminable; Et quand on s'apprête à se résigner, à s'éteindre pour de bon, une étincelle illumine l'obscurité pour dire: je suis ton âme. 

  Et du sanctuaire, nous nous rendons au pré, puis allons plus loin que le pré, où l'on ne marche plus mais on flotte. Cela ressemble à la dégringolade d'une fleur née dans les déserts, dégringolade vers"un lieu de lumière et de pureté" où rien ne peut tirer vers le bas. Vraiment, quand on voit la mort en face, une chose change d'une façon irréversible."

 

  Sur les beaux rivages, la houle bleue se lève avec magnificence et nous rafraîchit par ses gouttelettes parfumées de mystère profond. Est-ce bien un chant qu'on entend? Oui, c'est le chant de Kitaro qui fait vibrer les airs:

 

  "Sublime était le voyage et étonnantes tes allées. Là bas il y a trop de vacarme. Ici, on entend mieux les appels de l'âme. 

  Trop de bavardage nuit à l'esprit et ils bavardent trop. Ils ont étranglé la voix de la Souveraine par leurs klaxons et leur béton. Et quand ils cherchent un dépaysement, c'est vers elle qu'ils retournent. Mais, étrangers des lieux, si les cris des loups leur parviennent, si les vautours tournoient dans les cieux, ils tremblent de peur et y voient l'image de la mort. Ô mortels ivres de vous-même, vous créez des prisons au nom du progrès et de vos nouveaux dieux, puis vous vous perdez. Vous tournez vers la verdure cherchant la guérison, vous ne laissez que destruction. Et comme le silence vous est importun, vous mettez tant de bruit dans vos marches. Sacrifiant le souffle divin sur l'autel du "superhomme", vous vous offrez un semblant de spiritualité pour cure. Et là encore, vous substituez ce chemin de savoir et de sérénité en doctrine. Mais vous videz ce spiritualisme par vos mots trop pleins, trop savants qu'il devient stérile. Vos prières sont aussi nombreuses que diverses  mais ne vous apportent guère l'apaisement tant rêvé. Car la" véritable crasse" est en vous. Taisez-vous! Taisez-vous et laissez le silence vous parler un peu! Laissez les racines vous appeler et en douceur renouez! Prêtez oreille à l'univers avant d'être enseveli sous la terre en pauvre passager ignorant. "

 

  Ainsi, plus loin que le pré, nous renouons avec notre essence la plus pure. Nous flottons dans une telle sérénité que le je rencontre son autre. Et même après des temps et des morts, en nous réside un éternel chant d'amour, une note immortelle. En nous réside un souffle de l'au-delà.

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