De la vanité à la marche sereine - 01

  Les cris de vanité sont devenus des échos lointains. Les gloires et les exploits sont réduits en feux d'artifice, vite évanouis dans les airs. Les masques sont tombés, les fards effacés. Impossible de faire taire encore et toujours cette voix intérieure qui avait tant crié "Tu n'es plus toi-même". Un long voyage est alors entamé, plein de solitude, aspirant à la liberté. 

Chemin des pertes

  C'était au temps d'insouciance. Et l'insouciance aime rire, déployer les ailes et s'envoler. Grâce à elle, "concéder" défiait toutes les langues et devint synonyme d'aventure. Seulement, les concessions appellent d'autres, un silence enfante un autre. Au fil du temps, on se perd, on se révolte même, puis on s'ingénie à s'effacer. Finalement, on sombre dans une mélancolie aphone. C'est à ce prix là qu'il fallait racheter le bonheur, l'amour.

  Le bonheur était cette quête de l'absolu fuyard dans un mot, un tableau, une aventure. C'était se dire à chaque fois "Voilà ma dimension" et se rendre compte après qu'il existe d'autres dimensions, aussi diverses que controverses. Or, en poursuivant cette quête euphorique, on laisse choir une partie de soi-même. La voix intérieure murmure: "Tu n'es plus toi-même". Ce qu'on croyait richesse s'avère être une perdition. 

  L'amour promettait d'être épanouissement: se compléter sans avoir à se ressembler. Quelle chimère! Cette belle promesse finit avec le temps en un jeu de domination. Façonner l'autre selon son gré. Tuer en lui son souffle qui nous a enflammé au début. Réduire la braise en quelques mots sans résonance, en des gestes sans chaleur. On y met tellement du zèle qu'on ne prête plus attention à cette voix intérieure, ce cri alarmant, ce S.O.S. de désarroi: " Tu n'es plus toi-même.

  Pourquoi s'obstiner à faire taire cette voix? Pour ne pas assumer? Pour l'orgueil de nos vanités? Tout ce qu'on arrive à faire, c'est compter sur les bienfaits du temps. On dit qu'il guérit, apporte l'oubli et parfois même réconcilie.