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Ecrits, pensées, تاملات

De la vanité à la marche sereine - 02

Chemin des solitudes

  La voilà cette clairière dans laquelle de doux rayons s'infiltrent au cœur mutilé, pénètrent l'âme fanée. C'est la clairière du pardon. Mais avant, il faut arpenter ce chemin sinueux des solitudes: chemin de son propre côté obscur. Il faut traverser sa laideur, supporter la stridence des hypocrisies. Il faut arracher ses pas pour lutter. Lutter jusqu'à réduire son Narcisse à rien, à une pauvre image froissée. Abattu et plein de lourdeur, on se voit confronté au pire des ennemis: nos peurs. Dès lors, le chemin devient labyrinthe.

  La peur ensevelit, rend plus simple de s'effacer plutôt que d'affronter, d'avancer de faux oui pour éviter les rafles d'un non bien franc. Peur de quoi au juste? Du demain, des défaites, de ce vaste monde. Peur de tendre la main et se heurter au néant. Tant de peur qu'on asphyxie figé dans son carcan. La peur est une prison, un gouffre, un silence. Un silence qui perfore la noirceur épaisse pour dire ceci:

  " Et maintenant que tu as ouvert les yeux, que tu as cessé de prétendre, as-tu toujours peur? Regarde bien: je suis la peur, traversant passé et futur à la fois. Création divine, je me manifestais chez les enfants dans un reflet ou un bruit inconnus. Je pimentais l'espérance avec des "et si jamais..." J'inaugurais chaque tournant de la vie. Mais les hommes m'ont corrompu avec leur silence, leurs mensonges que je suis devenue leur monstre, leur maladie. Je suis la noirceur des nuits ténébreuses, la rancune désastreuse. Je suis cette main de plomb qui étrangle la voix quand le monstre s'apprête à amocher l'âme. Je suis le silence ahuri devant le crime. Et noir est le crime! Ces plaisirs coupables quand tu vois souffrir le bourreau, abdiquer le géant. Ces plaisirs dégustés à petite gorgée, c'est moi. Car je suis sœur de la haine. Et si, las de mes confins sombres et froids on s'accroche à la vie, décidant finalement de mourir pour ressusciter, c'est par mon royaume qu'il faut passer. C'est dans cette noirceur implacable que l'adage satanique devient possible. 

  Et maintenant que tu me vois, que tu entends mes silences, as-tu toujours peur? Tu as peut-être appris que les oui et les non ne font pas retenir ou perdre les êtres chers, mais rendent plus sûre et digne la poursuite de son destin. Tu as peut-être compris qu'il n'y a qu'une vie méritant d'être vécue. Tu as peut-être assimilé que mes ennemis sont courage, foi et persévérance. Finalement, demeurer dans mon royaume avec ses prétextes reposants ou partir courir dans les prés de la vie, à vous de faire le choix."

  La voix se tait. Tout l'être semble inondé d'un bien-être étrange, comme si l'on vient d'être dépossédé, délivré. Ce sont les lumières du pardon qui s'infiltrent au cœur mutilé, pénètrent l'âme fanée. Oui, on est au beau milieu de la clairière du pardon. Dure était la réconciliation, pénibles les interrogations, lourdes les réponses. Vaincre les ténèbres et laisser entrer la lumière. L'être respire, la foi se renouvelle, le cœur chante quand les yeux se tournent vers le soleil:

     Affrontées les peurs

     Reconnues les erreurs

     dégustant la délivrance

     L'âme effleure

     L'azur du firmament

     Survole les océans profonds.

     Ô toi, l'heureux délivré,

     Viens. Mets pieds dans la terre des lumières.

 

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