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Ecrits, pensées, تاملات

De la vanité à la marche sereine -04

  J'ai foulé le beau pré et couru jusqu'à m’essouffler.  L'air a pénétré mes poumons et j'ai respiré pour de vrai. C'est dans le pré qu'on se retrouve car débarrassé du superflu, du trop bas, des chaînes terrestres. Bref, le pré est l'autre face de la simplicité. C'est par là qu'ont passé Kitaro et Menti. 

Le chemin des silences

  Un chemin calme, presque  serein, s'offre à mes yeux et invite mon âme. C'est la voie de la rencontre. Sourire reconnaissant, regard amical et les premières paroles s'inscrivent sur les lèvres, faisant vibrer l'air et le cœur:

  -"Parlez-moi de l'ignorance.

  -"Ténèbres, les plus difficiles à percer. Des murailles aux portes cadenassées. Des cœurs aveugles même chez les plus instruits. Elle s'installe quand on confie la pensée aux autres, car paresseux ou malicieusement rusé. C'est le superflu qui porte l'habit du profond.

  L'ignorance c'est limiter Allah dans le texte et s'interdire de le voir dans l'univers. Faire de l'interprétation erronée une pseudo-religion au détriment de la véridique, tolérante et lucide. C'est se réfugier dans les dogmes pour ne pas avoir à penser, tuer Dieu dans le coeur des hommes pour inventer un dieu selon les fantasmes de ceux-ci ou les angoisses de ceux-là. 

  L'ignorance est une longue nuit qui envahit l'esprit, meurtrit l'âme et fait exhiber le reste avec une platitude combien dérisoire. C'est l'enfant de l'habitude fainéante, limiter les langues dans une seule et bannir toutes les autres. Finalement, c'est marcher sous les ombrages des arbres sans entendre leurs récits, se pencher sur un lac ou une rivière et ne pouvoir écouter leur chant. C'est lire les yeux ouverts, le cœur fermé. Son seul remède est une profonde reconsidération malgré les trébuchements. Ne jamais oublier qu'aujourd'hui devient passé et demain est l'ombre de l'espoir naissant. Ne jamais oublier que, passagers du moment, nous sommes infimes et singuliers. Et c'est là notre beauté.

  -"Et qu'en est-il de la piété?

  -"Le premier fruit de la reconsidération profonde. Ce n'est ni le nombre des prières ni celui de fréquentation des lieux saints. Elle n'est pas un habit, moins encore une secte ou un sobriquet. C'est une lumière inondant l'être lancé dans la quête de Dieu. Quête pleine de questions,  révisions et relectures. 

  Piété rime avec contempler. Les messagers ont ainsi fait. Mais c'est aussi des heurts, des luttes, des hauts et des bas. Des fois on plane près du firmament, d'autres fois on reste cramponné à terre. C'est une longue marche solitaire pour mieux oser les questions, pour retrouver à travers la pensée silencieuse les traces divines . C'est alors qu'on se rend compte que maintes langues disent la même pensée, que les préceptes sont limpidement inscrits dans l'univers. 

  A travers ce chant sublime une leçon nous est enseignée: humilité. Conscients de notre petitesse et singularité à la fois, nous ressentons en nous une envie grandissante de dire merci. Merci pour ce fabuleux voyage bien éphémère qu'est la vie. C'est ce qu'on nomme gratitude.

  -"Et qu'est-ce la gratitude?

  -"Lever légèrement ce voile entre l'homme et l'univers donne naissance à l'amour. Amour infini avec une envie de le semer. Nous sommes les hôtes du jour, la partie dans le tout. Semons alors le bien quand c'est possible, soyons la lumière qui s'infiltre dans les ténèbres, le baume délicatement posé sur les blessures. Et si par malheur  nous sommes la blessure, sachons en devenir le baume par nos pleurs et quelques mots sincères. La sincérité est le souffle printanier dans les nuits hivernales. 

  Gratitude est semer et passer, car nos actes ne meurent pas. Nos actes voyagent avec les vents pour être plantés ailleurs. Les bontés fleurissent dans les déserts, les tendresses retracent un sourire et le mal fait trembler la terre et gronder les ouragans. La gratitude est la voix infantile en nous comprise par le cœur."

 

  Long était le parcours, belles les cueillettes. Tantôt sauvages, tantôt douces. Avancer et accepter de quitter la haine par la force de l'amour. Accepter de tourner les pages et de laisser couler les choses de leur source. 

  Adossée contre un arbre, la voix du visionnaire lyrique susurre:

  "  L'homme à l'homme est obscur.

     Où donc commence l'âme? Où donc finit la vie?

     Nous voudrions, c'est là notre incurable envie

     Voir par-dessus le mur."

  Et le fameux ruisseau continue sa course en reprenant son infatigable discours:

    " Avec quel zèle se fuient ceux qui se convoitent ardemment, avec quelle application ils se taisent ce que chacun brûle d'entendre. Et leur manière d'être est ainsi une énigme: et celui qui n'a pas vu n'y croira jamais, et celui qui a vu ne peut comprendre."

  Vu de là, l'Homme semble drôle et bavard. Méfiant de son semblable, il est surpris de se voir agir en humain. Il court jusqu'à perdre les repères, se cherche partout sauf en lui-même. Il rend la parole creuse et la nomme après silence. Que sait-on des silences si on évite de les écouter? Que sait-on des silence quand on refuse d'apprendre? Un regard méditant se jette sur l'ici-bas, un autre penseur interroge l'au-delà. L'âme reconnait ce qu'elle perçoit. La voie du silence c'est la voie de l'infini.

 

     Penche-toi sur tes nuits

     Mets à rude épreuve tes espérances

     Brûle les livres et les savoirs

     Vois dans la cendre l'image de la vie.

 

     Si après tout cela il te reste du courage

     S'il te reste encore une envie qui palpite

     Un cœur capable de faire des vœux

     Si du fond du puits, obstiné,tu t'accroches et tu grimpes

     Et dans la nuit obscure tu cherches à apporter la lumière,

     Sache alors que ton coeur a choisi et que la volonté suit le dessein

     Que du fin fond de la mort tu as ressuscité.

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